Samedi soir j'ai eu la chance d'assister à un concert donné par l'orchestre national de Lorraine (ONL pour les intimes et les fainéants) au théâtre de Thionville. J'attendais ça avec impatience car jusqu'à présent je n'ai encore jamais eu la chance d'entendre un véritable orchestre symphonique au grand complet... Et ben je peux vous dire que ça valait le déplacement. C'est quelque chose à faire une fois dans sa vie.
Le programme était parfait: tout d'abord, l'Ile des Morts, poème symphonique de Rachmaninov (pour info, un poème symphonique c'est une pièce d'une vingtaine de minutes en général, sans découpage en mouvements, qui a une visée narrative). C'était une merveille. Trop long à vous raconter dans les détails, mais je n'avais vraiment jamais rien vécu de pareil. Un orchestre symphonique, ça reste moins "fort", en volume sonore, qu'un concert de death à l'After Club, mais le son... C'est comme si une énorme main vous soulevait tout doucement à chaque crescendo. Rajoutez à ça la perfection de l'interprétation, la partition pleine d'émotion de Rachmaninov... Ahlala, j'ai à peine respiré pendant toute la durée du morceau, tellement c'était prenant.
Juste après, le concerto pour violon en ré mineur de Tchaikovski. Peut-être un peu plus conventionnel, moins touchant que la pièce précédente, mais la présence sur scène d'un soliste de génie, à peine âgé de 19 ans (et armé d'un violon de 230 ans, prêté par un généreux mécène) a permis d'oublier les passages parfois un peu convenus de ce concertos en tenant toute la salle en haleine à chaque réplique, chaque morceau de bravoure en solo. A mon avis, si Greg avait été là, il en aurait pleuré. La pureté du son, la limpidité du jeu était tout bonnement surnaturelle. C'est le genre de chose qu'il faut voir pour croire, sérieux. Je ne pensais pas qu'un seul violon pouvait avoir autant d'impact.
Et pour finir, en beauté, symphonie n°9 de Chostakovitch, toute en contraste, passant d'un comique grinçant à de grandes envolées tragiques en moins de temps qu'il n'en faut à un sandwich de Mac Do pour refroidir. Encore une fois, du grand art.
Seul bémol: la moyenne d'âge de l'assemblée, proche de la soixantaine. A peine une dizaine de "jeunes" pour une armée de grisonnants. C'est un peu triste, surtout quand on voit l'effort de musiciens de renommée internationale pour se montrer sous leur jour le moins intimidant, en évitant de trop culpabiliser les gens de ne pas maitriser tous les rituels d'un concert de musique classique (comme par exemple ne jamais applaudir entre les mouvements d'une oeuvre qui en comporte plusieurs). Enfin voilà, une bien belle soirée, qui m'a donné envie de me replonger dans quelques partitions qui trainent sur mon piano.